Elsa Peraldi, Maïssa Khattab, Jacob Lewis, et Johannes Tonn, l’équipe des Indicateurs d’Intégrité en Afrique
5 avril 2017
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Nous avons le plaisir d’annoncer la publication de la dernière édition 2017 des Indicateurs d’Intégrité en Afrique. Les données recueillies fournissent une perspective unique au niveau national dans les 54 pays africains et dans les domaines clés de la transparence, la redevabilité, et des dimensions de développement social. Les données sont provisoires durant une période de commentaire de deux mois; la version finale sera complétée et publiée à la fin du mois de juin 2017.
Qu’est-ce qui distingue les Indicateurs d’Intégrité en Afrique?
Contrairement à d’autres études, nous travaillons avec plus de 130 chercheurs et pairs évaluateurs indépendants, souvent journalistes basés sur place et qui effectuent la recherche principale selon ces normes méthodologiques:
- La crédibilité dans la transparence: sources, commentaires, notes et critères de notation par indicateur sont entièrement transparents;
- Contrôle de qualité rigoureux: afin d’assurer la production de données basées sur des faits (plutôt que sur des perceptions ou des sondages) comparables par pays, nous soumettons la recherche effectuée à un processus rigoureux d’examen à double insu par des pairs, et passant par des étapes multiples de contrôle de qualité;
- Écarts de mise en œuvre: nous évaluons les cadres juridiques et leur efficacité en pratique en se basant sur des exemples allant sur des questions de l’état de droit à la protection des droits des minorités; et
- Utilité et points de départs pour des réformes: le commentaire narratif de chaque indicateur peut guider les parties prenantes sur des domaines nécessitant des réformes, tout en considérant les particularités et nuances spécifiques du pays en question.
Pourquoi avons-nous besoin des Indicateurs d’Intégrité en Afrique?
Les Indicateurs d’Intégrité en Afrique fournissent une bonne vue d’ensemble des défis majeurs de gouvernance face aux acteurs nationaux à travers le continent. Ils peuvent servir de point de départ pour sensibiliser, apprendre et approfondir les recherches existantes. Nous avons toujours été convaincus qu’aucun impact positif n’est possible ni durable sans l’engagement d’acteurs œuvrant à la réforme au niveau national. Notre ambition vise à soutenir les efforts de ces acteurs, et encourager un dialogue national pour pousser des réformes considérées prioritaires, que ce soit sur la gouvernance en général ou des défis sectoriels, tel que la transparence dans le secteur de la santé.
Un aperçu des résultats par pays
Pour illustrer ce que les données peuvent nous apprendre sur les développements par pays et donner un aperçu de la recherche effectuée, voici quelques exemples concernant l’espace civique et l’équilibre des pouvoirs:
Espace civique:
- Nous notons des avancées en termes de transparence avec l’adoption de lois sur le droit à l’information au Kenya et en Tunisie. Des efforts ont également été constatés pour élargir l’espace civique à la communauté LGBTI au Botswana et au Cap Vert.
- Toutefois, une tendance inquiétante apparaît dans des pays tels que le Kenya, l’Ethiopie ou le Cameroun, où l’espace civique se restreint de plus en plus, réduisant la capacité des citoyens de se mobiliser pour le changement.
Équilibre des pouvoirs:
- Après les manifestations massives de 2014, le gouvernement du Burkina Faso a entériné en 2015 l’indépendance du pouvoir judiciaire burkinabè, indépendance garantie par la constitution.
- Nous faisons également état de plusieurs revers: des systèmes électoraux déficients et antidémocratiques en Guinée équatoriale, aux Comores, au Bénin et à Djibouti, où l’intégrité de la fonction publique a été ternie, réduisant les sentiments contestataires davantage au silence par crainte de représailles.
- En janvier 2016, en République du Congo, une nouvelle loi adoptée en pleine crise électorale a instauré une nouvelle commission électorale qui, contrairement à son prédécesseur autonome, organise les élections sous l’autorité du Ministère de l’Intérieur. Ce manque d’autonomie vis-à-vis du pouvoir exécutif a compromis la crédibilité et l’indépendance de la commission à organiser des élections de manière impartiale.
Ces exemples illustrent l’importance de la recherche effectuée sur le terrain utilisant des sources primaires pour documenter la réalité au niveau local dans les plus de 30 dimensions couvertes par les Indicateurs d’Intégrité en Afrique. Nous espérons que la dernière édition contribuera à informer et soutenir le travail de réformateurs au niveau national, comme nous avons pu l’observer au fil de l’année dernière.
Renforcement de l’analyse: envoyez vos suggestions!
Afin d’améliorer la qualité des données et garantir leur exactitude, nous publions les données de manière provisoire durant une période de commentaires de deux mois pour toutes parties prenantes désirant fournir des commentaires ou suggestions. Les données finales seront publiées à la fin du mois de juin 2017. Si vous avez des commentaires de manière générale sur l’utilité de ces données, ou comment les rendre plus utiles, veuillez utiliser ce formulaire ou nous contacter à travers l’adresse email ci-dessous.
Si vous avez des commentaires spécifiques à des pays ou des exemples concrets qui pourraient améliorer l’exactitude de notre recherche, veuillez nous contacter à aii@globalintegrity.org.
1Notre recherche est composée de deux sections: Transparence et Redevabilité, et Développement social. La première étudie l’état de droit, la redevabilité, les élections, l’intégrité de la gestion et de la fonction publique et l’accès à l’information. La section “Développement social” couvre le genre, les droits, l’aide sociale, le secteur rural, l’environnement des affaires, la santé, l’éducation et l’inscription civile.
2Pour une explication détaillée de notre méthodologie, voir ce lien.
3Pour une analyse de la recherche effectuée durant l’édition précédente, voir ce lien.
4La recherche des Indicateurs d’Intégrité en Afrique de Global Integrity a permis d’identifier l’absence de lois garantissant l’accès à l’information au Cameroun comme étant une priorité de réforme en gouvernance. La société civile camerounaise a utilisé la recherche effectuée dans son plaidoyer en vue de l’adoption de la loi en février 2016. Pour plus d’informations, voir ici, ici, et ici.