Après neuf mois de recherche, nous sommes heureux de partager avec vous la plus récente mouture des indicateurs d’intégrité en Afrique (AII).
Ces données couvrent une période de recherche entre septembre 2018 et septembre 2019. Puisqu’elles sont pour le moment sous une forme provisionnelle, nous apprécierions recevoir vos commentaires pour améliorer la qualité des données avant leur publication finale.
Les données de la huitième ronde sont disponibles en format Excel (xls) et en format CSV.
Comment donner vos commentaires?
Nous apprécions toute rétroaction, qu’elle soit sur des commentaires, sur des notes spécifiques ou sur nos méthodes de recherche. À chaque année, plusieurs gouvernements, membres de la société civile et citoyens avertis nous aident à améliorer la qualité et la validité de nos données.
Nous sommes aussi curieux de savoir comment vous utilisez nos données.
Les commentaires peuvent être envoyés par courriel (aii@globalintegrity.org) ou en remplissant ce formulaire.
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Vos commentaires doivent être reçus avant le 31 mai 2020 pour être pris en compte dans la version finale. Les données finales seront publiées en juillet 2020.
Qu’est-ce que les Indicateurs d’intégrité en Afrique (AII)?
AII est un projet de recherche sur la bonne gouvernance en Afrique visant à comprendre l’aspect pratique des politiques sur les gouvernements, citoyens et la société civile. Nos indicateurs évaluent la transparence, la redevabilité et le développement social pour les 54 indicateurs étudiés chaque année.
Chaque indicateur comprend un commentaire qualitatif et des sources crédibles. La note est attribuée à partir d’un commentaire qui analyse la situation pour chaque pays durant la période de recherche.
Nous en sommes à notre huitième ronde de recherche avec AII. Au cours des années, nous avons créé une banque de données permettant une analyse comparative longitudinales des 54 pays africains. Ce projet repose sur toute une équipe, impliquant des chercheurs en provenance de chacun des pays de recherche, mais aussi une équipe de réviseurs incluant des experts nationaux ou thématiques. Notre méthodologie est disponible ici (en anglais).
Nos données sont uniques selon quatre critères:
Nos données sont utilisées par des citoyens avertis, des journalistes, des chercheurs et quiconque étant intéressé par la gouvernance en Afrique.
Plusieurs institutions utilisent nos données. L’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine et les Indicateurs mondiaux de bonne gouvernance de la Banque mondiale (WGI) incorporent nos données au sein de leur base. Ainsi, nos données, par l’intermédiaire des WGI, sont aussi utilisées par le Millenium Challenge Corporation afin de déterminer l’éligibilité des pays demandeurs pour leurs programmes.
Qu’avons-nous découvert cette année?
Voici quelques données préliminaires représentant différentes façon d’utiliser nos données; identifier des dynamiques affectant le continent ou une région, évaluer les progrès annuels d’un pays, examiner les fluctuations d’une année à l’autre.
Liberté d’expression- une année inquiétante pour l’Afrique
Durant la dernière période de recherche, nos données démontrent clairement que la liberté d’expression est menacée.
Les notes pour l’indicateur #56, évaluant la censure préalable des contenus en ligne (blogs, médias sociaux, etc.) et les pressions gouvernementales entraînant une autocensure, ont connu la diminution la plus marquante de l’année. En tout 19 pays ont vu leur note diminuer alors que seulement 6 ont vu la leur augmenter. Plusieurs gouvernement ont imposé des interruptions volontaires de l’internet pour taire les citoyens, notamment le Bénin, les Comores, le Liberia et la Mauritanie. Plusieurs autres pays ont voté des lois pour contrôler le contenu en ligne: le Botswana, le Lesotho, Maurice. D’autres ont augmenté la pression à l’encontre des utilisateurs de l’internet, notamment par des arrestations: la République centrafricaine, le Liberia, la Mauritanie, le Rwanda.
À moindre échelle, les notes pour notre indicateur #55 évaluant la censure gouvernementale pré- ou post-publication pour les médias traditionnels ont elles aussi connu une baisse cette année dans plusieurs pays. Onze pays ont vu leur score diminuer (10 par 25 points et un par 50 points, sur 100), alors que seulement trois ont augmenté. Nos chercheurs ont noté une augmentation des menaces à l’encontre des journalistes au Ghana, au Liberia et au Nigeria.
L’indépendance des agences des statistiques en danger
L’indicateur #93, évaluant l’indépendance des agences nationales de statistiques, est le deuxième indicateur ayant connu le plus grand nombre de diminution de note. Alors qu’aucun pays n’a amélioré sa note, 12 pays ont vu la leur diminuer, notamment Burundi, Maurice et la Tanzanie.
Tunisie: étude de cas sur l’impact du printemps arabe sur le pays
Nos indicateurs permettent de suivre le parcours difficile de la Tunisie depuis sa révolution en 2011, qui a lancé le printemps arabe. Depuis, les notes ont constamment augmenté, particulièrement pour les indicateurs traitant de la justice et des mécanismes d’audit (indicateurs 1 à 18). Mais ces développements sont en dent de scie, notamment pour les indicateurs sur les droits des citoyens (indicateurs 65 à 76). Après plusieurs revers sur les droits de se rassembler (indicateur #67) ou sur la liberté d’action de la société civile (indicateurs #68 et #69), le pays a connu des progrès. En fait, la Tunisie est le pays qui a connu le plus de progrès cette année tout indicateur confondu.
Mali, Niger et Burkina Faso: l’impact d’une crise régionale
La crise sécuritaire qui affecte le Sahel depuis 2012 a eu un impact direct sur la gouvernance. Le développement social en est particulièrement affecté, alors que les gouvernements font face à d’énormes barrières dans la livraison des programmes sociaux. Au Mali et au Burkina Faso, l’impact est particulièrement marquant sur les programmes touchant l’intégration socio-économique des jeunes (indicateur #101). Dans les trois pays, les agences anti-corruption (indicateur #9) et les agences statistiques (indicateurs #91, #92 et #93) font face à des barrières importantes pour remplir leur mandat.
Plus de femmes au gouvernement
Notre indicateur #85, évaluant la représentation des femmes au sein des gouvernements, a connu une des progressions les plus significatives cette année. Neuf pays ont vu leur note s’améliorer et seulement cinq ont vu la leur diminuer. Sur les neuf pays, trois ont connu une augmentation significative, dont l’Éthiopie et la Guinée-Bissau atteignant la parité.
Nous attendons avec impatience vos commentaires.
Continuez de suivre notre blogue alors que nous partagerons plus de découvertes en attendant la publication finale des résultats en juillet 2020.
L’Équipe des Indicateurs d’intégrité en Afrique (AII)