Par Hazel Feigenblatt — August 26, 2015.
Au cours des trois dernières années, Global Integrity et son réseau de plus de 200 chercheurs et évaluateurs africains ont travaillé sans relâche sur une nouvelle évaluation basée sur des indicateurs couvrant les questions de transparence et de redevabilité dans les 54 pays africains. À partir d’aujourd’hui, les nouveaux Indicateurs d’Intégrité en Afrique (AII) sont disponibles en ligne!
Les indicateurs évaluent l’état de droit, la redevabilité, les élections, la gestion publique, l’intégrité de la fonction publique, et l’accès à l’information, tout en s’intéressant à la fois à l’existence des politiques et à leur mise en œuvre. Il y a aussi une section «bonus» que pour les besoins de ce projet, nous avons intitulé «Développement Social», et qui fournit un aperçu des questions d’ordre social, allant des droits des minorités à la promotion du genre, à la santé et à l’éducation.
Au chapitre des résultats, la recherche révèle que l’ingérence de l’exécutif entame considérablement la consolidation d’un système judiciaire indépendant, des institutions d’audit et de la fonction publique à travers l’Afrique. Même dans les pays où l’indépendance de la magistrature est entièrement garantie par la loi, dans la pratique, environ la moitié des pays ont reçu des notes très basses et seulement six ont reçu des notes élevées.
Toutefois, on remarque des progrès dans certains pays, aussi bien dans l’évolution du cadre juridique que dans la pratique. Par exemple, en Tunisie, une loi votée en 2014 ajoute des dispositions plus claires sur l’indépendance de la magistrature, alors qu’au Liberia, des dispositions constitutionnelles ont été introduites concernant la protection des juges contre les pressions externes. Dans la pratique, au Bénin, les juges sont montés au créneau à chaque fois que leur indépendance était en quelque sorte menacée.
La situation est assez identique au niveau des institutions d’audit et au sein de la fonction publique. La recherche a révélé des cas sérieux d’ingérence de l’exécutif dans les activités de vérification, y compris les restrictions imposées dans la vérification de certains comptes, la politisation des nominations et les révocations sans égard pour les procédures prévues. Dans le cas de la fonction publique, seuls six pays ont obtenu de bonnes notes et nombreux sont les cas de révocations et de remplacement des fonctionnaires sur la base de l’appartenance politique.
Vous pouvez avoir un aperçu des résultats ici, de la méthodologie ici, et vous pouvez voir une vidéo sur la façon de naviguer notre site ici.
À ce jour, nous avons effectué trois rounds de collecte des données de la recherche – le premier étant un round pilote – et nos équipes basées dans chaque pays sont actuellement sur le terrain en train de collecter les données du quatrième round. Soyez à l’écoute jusqu’au mois d’Avril prochain!
Le projet est unique à bien des égards. Il est l’une des rares initiatives qui couvrent les 54 pays du continent. Nos chercheurs et évaluateurs sont des experts africains et des journalistes qui connaissent leurs pays mieux que quiconque. Nous ne nous intéressons pas seulement à ce que disent les lois, mais aussi et surtout à ce qui se passe réellement dans la pratique.
Les indicateurs sont le fruit d’un partenariat avec la Fondation Mo Ibrahim. Depuis 2014, les Indicateurs d’Intégrité en Afrique sont une excellente source de données pour l’Indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine. Ils sont également utilisés dans le cadre des Indicateurs de gouvernance mondiaux de la Banque mondiale (GTI) et par le Millennium Challenge Corporation.
Au cours du processus de la recherche, Global Integrity a noué des contacts avec les représentants de certains gouvernements africains qui ont exprimé leur intérêt à discuter des résultats. Nous sommes ouverts aux questions et au dialogue avec d’autres pays, avec les partenaires multilatéraux, les organisations de la société civile et d’autres parties intéressées, en particulier pour discuter des modalités d’utilisation des données afin de stimuler et soutenir le dialogue sur l’adoption des politiques.
Le projet adopte une approche granulaire, avec des critères pleinement énoncés qui définissent les différentes notes à attribuer et chaque note justifiée par une explication, y compris toutes les sources qui ont servi de base à la recherche et aux résultats.
Nous ne nous attendons pas à ce que tout le monde soit d’accord sur tous les points de notre méthodologie et l’approche que nos chercheurs ont eu par rapport à chaque indicateur (ou les notes qu’ils ont attribuées, surtout lorsque celles-ci sont basses!), mais nous sommes certains que les indicateurs fournissent un aperçu solide d’un problème au moment de la recherche, et servent de point de départ pour des recherches ultérieures, hiérarchisent les domaines susceptibles d’être améliorés et incitent à des discussions et à des réflexions autour des questions importantes.
Les nouveaux indicateurs d’Intégrité en Afrique adoptent une méthodologie d’évaluation par les experts telle qu’élaborée par Global Integrity, et sont fondés sur des questions du Global Integrity Report. Toutefois, les usagers des données de nos évaluations antérieures remarqueront immédiatement des changements importants, découlant des leçons apprises au cours des dernières années. Vous en saurez plus sur l’aventure de Global Integrity et de ses évaluations de l’intégrité dans un blog à venir bientôt!